La cybercondrie est un nouveau mot pour désigner un comportement très ancien, celui «d’une personne qui est préoccupée de façon permanente et obsédante au sujet de sa santé ou du bon fonctionnement d’un ou de plusieurs de ses organes»1.. Dérivé donc de «hypocondriaque», le préfixe cyber renvoit à l’usage spécifique d’internet dans la recherche d’information sur la santé, générant une escalade de l’anxiété, généralement sans fondement.
Il est gratuit, confidentiel, anonyme et disponible 24h/24h… Pas étonnant que le web soit une source d’information santé privilégiée. Mais est-il fiable à 100% ? Avec plus de 4 milliards de pages2, où on nous propose du cartilage de requin pour guérir le cancer ou du venin d’abeille pour traiter la sclérose en plaques, le jugement sur la crédibilité des sites visités est de mise. Pourtant, selon l’étude américaine Cyberchondria : Studies of the Escalation of Concerns in Web Search, les trois quarts des adultes consultant internet pour des informations sur la santé ne vérifient pas la validité de la source ou la date de création du contenu3.
Auto-diagnostic sur Google ?
L’étude souligne que les moteurs de recherche sont souvent utilisés comme des outils de diagnostic. Cette perception serait liée au fait que les internautes considèrent que les premiers résultats de recherche sont les plus pertinents, les plus appropriés aux symptômes qu’ils ont identifiés et inscrits dans le moteur de recherche, leur conférant ainsi une sorte de validité «médicale».
Les internautes ont donc tendance à consulter davantage les sites qui apparaissent sur les premières pages… contribuant ainsi à maintenir ces liens au sommet du palmarès. C’est ainsi que fonctionne le référencement, plus il y a de clics, plus c’est populaire et meilleur est le classement, sans égard à la pertinence.
D’autre part, le volume de contenus sur les maladies est beaucoup plus important que celui portant sur la promotion et la prévention en santé. En corollaire, bien que les symptômes évoqués par l’internaute puissent être l’expression d’un malaise passager, la quantité d’information sur le risque de maladies associées à un banal mal de tête peut conduire une personne à croire qu’elle souffre potentiellement d’un cancer.
Pour pallier à la situation, l’étude suggère de développer des algorythmes spécialisés, utilisés sur des sites dédiés à la santé, qui tiendraient compte du «langage naturel» dans lequel s’expriment les internautes, avec un minimum de terminologie médicale. Ces moteurs dirigeraient les internautes vers des contenus de qualité dont l’information est régulièrement mise à jour, nuancée et validée.
Références
1. Grand dictionnaire terminologique
2. Selon une estimation de la Fondation Health On the Net
3.Cyberchondria: Studies of the Escalation of Medical Concerns in Web Search